Voici un élément de réponse envoyé à l'auteur de cet article M. Georges Ugueux :
Le bitcoin ne fait que révéler le vrai visage de la finance en retirant tout le côté institutionnel.
Reprenons point par point les critiques faites au bitcoin et comparons avec la finance:
« une monnaie émise par un Etat a comme support une Banque Centrale qui détient des devises et/ou de l’or, et surtout une nation et son économie. »
Ne prenons que l’exemple du dollar avec la disparition de l’étalon or: cela fait belle lurette que la monnaie n’est plus adossée à l’or. On pourrait comme l’on fait les banques centrales à la fin de l’étalon or adossée une monnaie à la richesse produite, mais lorsque la banque centrale américaine imprime des milliards sous forme de quantitative easing en pleine sortie de récession, on doute un peu que ces milliards correspondent à de la richesse créée.
Et affirmer qu’une monnaie doit être adossé à une nation, c’est oublier l’euro ou les monnaies émises par des confédérations d’états dans le passé. Par contre il est vrai qu’une monnaie est souvent liée à une économie particulière, mais cela est bien le cas avec le bitcoin qui est une monnaie virtuelle pour une économie électronique.
« L’argent ou les biens utilisés, qui ont une valeur, se perdent dans le méandre des transactions, mais ne sont pas perdus pour tout le monde. En effet, ceux et celles qui vendent des Bitcoins reçoivent une vraie valeur en échange d’un billet de loterie qu’ils émettent sans contreparties. »
La création de bitcoin est liée à du temps de calcul mis à disposition par une personne via son ordinateur: la création n’est donc pas ex nihilo, mais rétribue un vrai travail. Que dire des banques qui tirent leurs revenus du crédit, donc d’un hypothétique revenu qu’elles pourraient faire si elles n’avaient pas prêter l’argent ? On peut encore parler du risque d’un prêt, c’est vrai, mais dés lors que le prêt est remboursé, pour l’intérêt prélevé au nom du risque de non-remboursement doit-il rester dans la poche du créditeur ?
A critiquer ceux qui générent des bitcoins, on doit également critiquer les opérations faites par ordinateurs sous contrôle d’algorithmes qui scrutent les infimes variations du marché, le fameux trading algorithmique. Comment accepter l’un et condamner l’autre ?
« Lorsque le château de cartes s’effondrera, qui seront les victimes ? Ceux et celles qui, inconscients du danger, se retrouveront avec des jetons de 900 dollars et découvrirons qu’ils ne valent plus rien. »
N’est-pas l’essence des transaction financières ? N’a-t-on jamais vu des actionnaires ruinés du jour au lendemain lorsque des actions ne sont révélées n’être que du papier ? C’est le principe même de la bourse où une action peut valoir 1 dollar un jour et 100 dollars le lendemain et ce sans aucune raison si ce n’est un prix que certains sont prêts à payer pour obtenir un bout de papier. Critiquer le bitcoin sur ce point, c’est critiquer la bourse. Finalement ceux qui utilisent les bitcoins sont sans doute mieux conscients de l’immatérialité de la valeur de leur monnaie que bien des gens qui placent leur économie dans des fonds parfois complexes.
« La « Fondation Bitcoin » comporte plus de 100 membres permanents et le même nombre de membres annuels. Ils standardisent, promeuvent et protègent le Bitcoin. Inutile de dire qu’ils n’assument aucune responsabilité quelconque sur la valeur ou les actifs. »
La dernière crise financière a bien montré que les banques ne font guère mieux en tritisant des actifs qu’elles n’étaient pas capable d’évaluer. Les agences de notation sont également des beaux irresponsables en accordant des triples A à des actifs pourris: et je ne crois pas que ces agences ont été condamnés à rembourser ou à assumer la moindre perte liée à leur évaluation.
« Les autorités de contrôle européennes ou américaines ne s’en soucient guère : ce sont les banques centrales qui auront à répondre de leur inaction face aux méfaits de cette bombe à retardement qui vaudrait à ce jour 7 milliards de dollars. »
Est-ce que la finance a accepté la régulation des Etats suite à la crise de 2008 ? Combien de textes de réglementation ont été vidé de leur substance suite aux actions des lobbys ? Et malgré la prise de conscience des risques de l’industrie financière, combien de mesures empêchent l’apparition de nouvelles bulles spéculatives et les désastres qui s’en suivent ? Comment accepter que l’or puisse atteindre des sommets et perdre la moitié de sa valeur une année plus tard ? Comment accepter que des banques jouent sur le marché des matières premières ?
Le bitcoin, c’est ce qui reste de la finance, du système bancaire quand on enlève les comptoirs, les complets/tailleurs, les bâtiments centenaires, les conseils d’administration et autres groupes de régulation.
Le bitcoin, c’est la finance sans le mensonge de la sécurité ou du risque contrôlé.
Le bitcoin est surtout plus réaliste que bien des montages financiers, car il intègre la notion de limite: la croissance infinie n’est pas possible avec le bitcoin.
Bref, je ne suis pas un défenseur du bitcoin, c’est à l’origine un jeu informatique, que certains ont décidé d’utiliser comme moyen de transferts de valeur. Mais le bitcoin n’est en tout cas pas pire que les systèmes financiers qui ont cours à l’heure actuelle.